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Cet article a été publié originellement sur Ria-Novosti
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Се week-end, le printemps est arrivé à Moscou. Je ne vous parle pas du timide printemps que Moscou connaît parfois à la sortie de l’hiver, non je vous parle du vrai printemps, celui qui s’accompagne de lumière, de verdure, de chaleur et de vie.
La température a atteint 16 ou 17 degrés, la ville s’est retrouvée sous un intense soleil, et les Moscovites en ont profité pour aller flâner dans les rues et les parcs de la capitale, afin de bénéficier de la lumière et surtout des premières chaleurs. J’ai insisté dans ma précédente tribune sur la rigueur de l’hiver moscovite. C’est vrai qu’il a encore récemment neigé et que cet hiver a été vraiment difficile. Chaque année, le basculement définitif vers le printemps et l’été se fait avec une rapidité et une violence qui me laisse pantois. Le froid semble si totalement et profondément incrusté que je me demande comment l’herbe peut surgir si rapidement et la nature si facilement reprendre sa place.
Cette année bat des records, puisque les températures en cette dernière semaine d’avril devraient frôler les 20 degrés. “Que du bonheur”, me disait ma voisine d’étage, Inna, que j’ai croisée samedi matin et qui s’apprêtait à aller passer un moment sur un banc dans un parc du quartier afin de profiter du beau temps. Tous les Moscovites vous le diront, après un hiver à Moscou et le terrible manque de lumière lié, votre organisme ne vous demande qu’une chose: de la lumière et du soleil. Par conséquent comme Inna, j’ai également opté pour un week-end à l’extérieur à me balader dans mon quartier, tout au bout d’une de ses interminables lignes de métro. J’ai passé une bonne partie de mon temps à déambuler, flâner et simplement profiter de l’arrivée du printemps tout en célébrant cette journée fériée qu’est Pâques.
D’ailleurs les Russes sont de plus en plus nombreux à célébrer cette fête, selon le site chrétienté info si seulement 10 % des Russes déclaraient faire carême en 2000. Ils sont 35 % en 2011. De la même façon, plusieurs dizaines de millions de Russes suivront aussi l’office du soir, puis la procession de minuit autour de chaque église. Ce renouveau religieux prend de l’ampleur, il est accompagné par le pouvoir et finalement assez similaire à celui qu’on observe dans les autres pays anciennement communistes et qui ont souffert d’une transition démocratique et économique souvent difficile lors des bouleversements politiques.
Le quartier dans lequel je réside est un quartier assez typique de la banlieue moscovite, un spalny rayon (quartier dortoir) très vert. Samedi je me suis assis à la terrasse d’un Elki-Palki, cette chaîne russe de restaurants traditionnels. La terrasse était pleine et faisait face à la terrasse d’un McDonalds, également pleine. Cela reste une énigme pour moi, alors que certains fantasment sur l’obsessionnel anti-américanisme primaire des Russes de constater que finalement McDonalds est si populaire à Moscou, en tout cas à mon avis au moins autant que les supermarchés Auchan. La densité de la population dans les rues avait peut être aussi une autre explication. Samedi était une journée un peu inhabituelle puisqu’il s’agissait du premier subbotnik de l’année. Explication: Dans les premiers temps de l’URSS, les communistes travaillaient bénévolement les samedis (samedi = subbota), afin de contribuer à une édification plus rapide du socialisme. Le premier samedi communiste a eu lieu le 1er mai 1920 à Moscou, Lénine y participa et la scène fut immortalisée en peinture. Dans les années 50, cette tradition fut reprise dans nombre de pays du bloc communiste, en Europe et en Asie centrale. L’état russe a relancé ces dernières années cette tradition. Tous les ans, le nombre de participants augmente. Ce Week-end à donc eu lieu le premier Subbotnik de l’année, et près de 1,5 million de Moscovites y ont participé, soit un habitant sur dix. Les activités sont tant le nettoyage des routes que des passages piétons, des parcs ou des poubelles. A cette occasion, 20.000 façades ont été rénovées dans Moscou et environ 2.000 arbres et 9.000 arbustes plantés. Tout cela je le répète est bénévole et traditionnel. Les étrangers, notamment français, ne peuvent qu’être surpris par une telle initiative, le travail du week-end, même rémunéré étant très tabou en France et sujet à de nombreuses polémiques.
La forte densité de la foule présente dans les rues adjacentes aux sorties de métro durant tout le week-end avait quelque chose de vivant, qui inspirait également une certaine insouciance. Une multitude de gens poussés vers l’extérieur par un étrange mélange de religion, de tradition soviétique et de fête du soleil. En observant la foule qui déambulait dans les rues, je me disais que finalement ce printemps russe se présente assez bien, et pas seulement dans le domaine du climat. Sur la scène internationale, la Russie semble être épargnée tout du moins provisoirement par les secousses qui frappent le monde arabe et l’Afrique. Elle ne devrait pas par exemple craindre de vagues d’immigration incontrôlée, comme l’Europe en subit actuellement à travers ses frontières sud. Le pays n’est pas non plus engagé dans un quelconque conflit armé à l’étranger, et donc à l’abri d’un éventuel effet boomerang à son encontre.
La baisse de tension avec l’Otan à l’ouest et le renforcement des liens avec les pays asiatiques au sein du groupe BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et République sud-africaine) consolide sa position de puissance régionale. Les tensions dans le monde arabe ont par contre entraîné une hausse du prix du pétrole qui devrait permettre à la Russie d’augmenter ses rentrées financières et de terminer l’année avec un déficit budgétaire bien plus faible que prévu. Sur le plan intérieur, cette trésorerie inattendue mais bienvenue devrait rendre plus facile pour l’état la tenue de promesses et d’engagements sociaux colossaux, exprimés par le premier ministre Vladimir Poutine le 20 mars dernier dans son discours sur le travail du gouvernement à la Douma. Les indicateurs économiques globaux semblent au vert, alors que la Russie devrait connaître une croissance économique assez forte en 2011 mais également en 2012, année de l’élection présidentielle. Tous ces éléments permettent de ressentir un optimisme prudent pour les mois à venir, optimisme qui rend encore plus doux cet agréable printemps moscovite.
Votre blog est excellent et très informatif pour ceux qui s’intéressent à la Russie. En comparaison avec le vôtre, celui du Figaro est d’une nullité navrante tant au niveau du contenu que de la présentation.