A l’occasion de la sortie de son nouveau livre « Un Printemps Russe » aux éditions les Syrtes, Alexandre Latsa a répondu aux questions de Nouvelle de France.
Bonjour Alexandre Latsa, pourriez vous vous présenter ?
Oui bien sûr, j’ai 38 ans et j’habite en Russie depuis 8 ans. Je dirige depuis 3 ans maintenant un cabinet de recrutement à Moscou, et j’ai aussi une activité d’analyste politique. « Un Printemps Russe » est mon premier livre en Français, après les deux précédents en russe et en anglais.
Pourquoi écrire ce livre et quels sont les sujets qui y sont abordés ?
Les raisons d’écrire ce livre sont tout d’abord la volonté de donner un autre regard sur la Russie car l’image qu’en donnent les medias est fausse, c’est une image contaminée par la ” bien-pensance ” française. Je souhaitais donc brosser le portrait d’un pays dans lequel j’habite depuis 8 ans, afin de permettre au public français et francophone de voir et d’analyser ce pays avec d’autres clefs de lecture, une autre grille de compréhension.
Le livre fait 300 pages, il aurait été difficile de faire moins, il y a beaucoup à dire. Il raconte et décrit la Russie d’aujourd’hui mais plonge aussi dans l’histoire et la géopolitique pour exposer la vraie nature de ce grand pays mais aussi et surtout pour permettre de comprendre la situation particulière que le pays connait actuellement. Elle diffère fortement de la situation que connaissent aujourd’hui la plupart des pays Européens.
Le livre touche donc tant à l’histoire qu’à la géopolitique, à la politique russe actuelle, à l’énergie ou au modèle de société, mais aussi à l’économie, à la religion ou aux problématiques démographiques. Le livre traite aussi de la désinformation médiatique qui frappe la Russie, victime d’une guerre totale de l’information. Enfin et bien sur le livre traite de la situation en France en initiant un parallèle politique historique entre nos deux pays.
Quel parallèle politique voyez-vous entre la France et la Russie ?
En réalité j’en vois deux.
La Russie d’aujourd’hui est dans une période historique, sur le plan de la gouvernance politique, qui sur de nombreux points ressemble à la période gaulliste en France. Un leader historique et providentiel, un renouveau patriotique fort et une reconstruction nationale initiée et conduite par l’Etat. Vladimir Poutine peut être considéré comme le De Gaulle russe et la Russie de Poutine apparait pour de nombreux états et de nombreux peuples dans le monde comme un contre modèle non aligné, comme finalement la France de De Gaulle l’avait été lorsque lorsqu’il a initié d’incroyables dynamiques géopolitiques avec Moscou, Pékin ou Montréal.
La seconde me semble être la suivante : l’effondrement de l’Union Européenne qui pourrait s’étaler sur la prochaine décennie pourrait laisser notre pays dans une situation de chaos similaire à celle que la Russie a connue durant la période qui a suivi la fin de l’URSS. Une période de chaos et d’absence d’Etat ayant laissé le champ libre aux mafias qui ont plongé le pays dans la pauvreté et dans la guerre. A ce titre les méthodes qui ont permis aux élites russes d’inverser la dynamique du désastre méritent d’être observées attentivement pour le cas où demain, nous soyons contraints en France de traverser la même situation.
Vous expliquez que le renouveau russe est dû au retour de l’Etat ?
Oui sans aucun doute.
Tandis que les journalistes et spécialistes de la Russie continuent à critiquer les méthodes, ils oublient toujours de nous parler des objectifs mais aussi et surtout des résultats.
Les élites russes on travaillé de façon verticale et volontaire à l’instauration d’une politique ayant permis la réaffirmation de l’autorité de l’Etat sur le territoire et donc le retour de l’ordre avec un grand A mais aussi une réaffirmation permanence et continue de la souveraineté nationale.
Tout cela n’a été possible que par l’Etat, cet outil avec à sa tête une élite politique patriote, décidée et volontaire. Un Etat qui s’est remis à maitriser et administrer son territoire. Permettez-moi de vous citer l’excellent Alexandre Prokhanov qui a résumé ce moment russe en ces termes : « L’État, cette grande substance secrète de l’histoire russe qui en 1991 bascula dans le gouffre et fut réduite en cendres, s’est relevé, lentement, sûrement, de plus en plus rapidement, inébranlable et invincible dans son mouvement ascendant. Car en lui agit le destin. Et cet État a choisi Poutine pour conduire le processus historique en Russie. Ce n’est pas lui qui construit l’État, c’est l’État qui le construit. »
Comment expliquez-vous les problèmes d’images du pays, ce que vous qualifiez de guerre médiatique ?
Je crois que les raisons de ce déferlement de haine anti russe au sein de la presse française sont à chercher dans la profonde politisation par défaut des journalistes français. La France est arrivée à un point ou la presse est quasi-entièrement de gauche au sens de cette nouvelle gauche nationale, libertaire et pro-américaine, et qui ne s’intéresse qu’aux droits de l’homme ou aux droits des minorités. Ce sociétalisme règne tant au sein des correspondants des journaux tels que le Monde ou le Figaro que sur le plateau du petit journal ou dans les esprits des pigistes sous smicardisés qui travaillent pour la presse française à propos de la Russie.
Il y a cependant une logique : cela fait plus d’une quinzaine d’années que 100% des étudiants en école de journalisme pratiquent le vote à gauche, pour cette gauche socialo-écolo qui au fond ne mérite pas le nom de gauche au sens historique français. Cette gauche militante droit-de-l ‘hommiste chez les plus jeunes et les plus militants se transforme en gauche pétard puis caviar avec l’âge. On comprend bien toute la haine qu’elle peut ressentir à l’encontre d’un pays qui renait sur des bases morales religieuses, nationales et conservatrices.
Avez-vous quelque chose à rajouter pour nos lecteurs ?
Oui. “Un printemps russe” est une arme contre la désinformation. Un bon nombre de journalistes français, d’analystes et d’intellectuels se sont exprimés depuis le XVI° arrondissement ou depuis Saint Germain. Ils ont répandu pendant des années à propos de la Russie des chiffres faux, des calomnies et des insanités. J’ai voulu revenir à une analyse plus objective.
J’ai voulu proposer un voyage dans la Russie telle qu’elle est. Je crois que les lecteurs vont passer un bon moment en lisant ce livre.