Yelena Isinbayeva, victime de la russophobie médiatique ?

Легкая атлетика. Чемпионат мира. 4-й день. Вечерняя сессия« Nous nous considérons comme un peuple traditionnel dans lequel les hommes vivent avec les femmes, et les femmes avec les hommes, cela vient de notre histoire ».

« Nous tolérons toutes les opinions et nous respectons tout le monde , mais en retour, ces personnes doivent respecter nos lois ».

« Nous les Russes sommes peut-être différents des Européens ».

Vous serez d’accord avec moi, ces phrases n’ont pas grand chose d’exceptionnel : depuis Adam et Eve, hommes et femmes vivent ensemble et quand on est invité, on respecte l’hôte. Lorsqu’il s’agit d’un pays, on respecte ses lois, que ce soit en France, en Amérique, en Arabie Saoudite, au Gabon ou en Russie. Enfin et en effet, la Russie semble de plus en plus s’éloigner d’une Europe qui, elle, s’occidentalise aussi rapidement que le monde ne se désoccidentalise.

L’auteur de ces phrases est une sportive qui en plus d’être belle et talentueuse (double championne olympique, triple championne du monde, championne d’Europe et détentrice du record du monde de la perche féminine en plein air), est une patriote qui s’affiche. Lors des dernières élections russes de 2012, elle était en outre l’une des représentantes officielles (доверенное лицо) du président Vladimir Poutine lors de sa campagne présidentielle.

Pour avoir affirmé qu’elle soutenait le gouvernement russe et la loi prise par ce dernier interdisant la promotion des relations sexuelles non traditionnelles aux mineurs, la championne russe d’origine Daghestanaise Yelena Isinbayeva se trouve depuis quelques jours la cible d’un déferlement de violence morale, les médias occidentaux l’assimilant tantôt à une authentique homophobe lorsqu’il n’est pas question de simplement la priver de son statut d’ambassadrice, elle qui devrait en outre être Maire honoraire du village olympique des athlètes lors des prochains Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi, l’année prochaine.

Cette agression pour délit d’opinion à l’encontre de Yelena Isinbayeva (en l’espèce respecter les lois d’un Etat souverain) s’inscrit dans le contexte d’hystérie médiatique entourant la préparation des JO de Sotchi en Russie et dont plus personne ne doute aujourd’hui qu’ils devraient donner lieu à une guerre de l’image et à une intense offensive contre le Kremlin.

Des voix se sont déjà élevées, par exemple en Angleterre, pour appeler à « une interdiction absolue des Jeux Olympiques d’hiver 2014 à Sotchi en raison des persécutions à l’encontre de la communauté LGBT (Lesbiennes, gays, bi et trans) en Russie, similaires aux répressions des Juifs en Allemagne lors des JO de Berlin en 1936 ». En France, certains appellent à ce que la France n’envoie simplement pas de délégation à Sotchi, pendant qu’en Allemagne, la ministre allemande de la Justice Sabine Leutheusser-Schnarrenberger a estimé que son pays pourrait simplement boycotter les JO de Sotchi.

En retour, le directeur général du comité organisateur de la Coupe du monde 2018 Alexey Sorokine a quant à lui (comme Yelena Isinbayeva) défendu avec beaucoup de conviction la loi interdisant la promotion des relations sexuelles non traditionnelles aux mineurs, en affirmant que « les Jeux Olympiques et la Coupe du monde ne sont pas une scène pour les différents points de vue… pas pour les nazis, pas pour tous les autres modes de vie ». Enfin, le Comité international olympique vient d’affirmer qu’il n’acceptera « aucun geste proactif » des athlètes en faveur de la cause homosexuelle durant les Jeux de Sotchi.

Il convient de rappeler que l’homosexualité entre hommes n’est plus un crime en Russie et ce depuis 1993, alors que l’homosexualité entre femmes n’a quant à elle jamais été interdite. A titre de comparaison, la dépénalisation de l’homosexualité en France date de 1982, en Allemagne de 1994 et aux États-Unis de 2003.

On peut se demander ce qui se passera lorsqu’en 2022, la Coupe du monde aura lieu ou Qatar, où toutes les relations homosexuelles y sont passibles d’une peine de prison de cinq ans et de coups de fouet.

Il sera bien curieux de voir si les tenants du boycott seront aussi prompts et arrogants à menacer la monarchie wahhabite comme ils semblent déterminés, et ont déjà commencé à le faire avec la Russie, dont on ne peut finalement que louer la très grande patience. /N
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