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La Nouvelle Grande Russie de l’Effrondrement de l’URSS au Retour de Vladimir Poutine

Je signale a tous mes lecteurs qui en ont la possibilité la nécessite de se procurer le premier ouvrage de XAVIER MOREAU aux éditions Ellipses. Le livre est intitulé “La Nouvelle Grande Russie de l’Effondrement de l’URSS au Retour de Vladimir Poutine”.
Une très bonne et synthétique présentation en a été faite par Phillipe Miguault sur le site Affaires-Strategiques, présentation que vous pouvez consulter ici.
A lire pour bien comprendre la Russie des 20 dernières années.

Sergey Lavrov, realpolitik.

Chers lecteurs, permettez moi de vous suggérer la lecture de cet excellent article de Realpolitik-TV intitulé: “la realpolitik en action” et qui fait écho à une interview tout simplement extraordinaire de Serguey Lavrov à  Russia-Today.

Extrait: “Je pense que, nous les Russes, avons eu assez de révolutions dans notre histoire et je ne pense pas que notre conseil à nos amis soit d’avoir leur propre révolution. C’est toujours sanglant, désordonné, cela ramène toujours le pays en arrière dans son développement”.

Brève histoire de l’oligarchie en Russie

Xavier Moreau, de Realpolitik.tv a récemment publié sur ce site un éditorial consacré à l’oligarchie en Russie. L’article est clair et concis, je me permets de le publier avec l’autorisation de l’auteur.

Le mot oligarque symbolise à lui tout seul l’histoire de la Russie de ces vingt dernières années et nous le trouvons utilisé pour désigner tout et n’importe quoi. Ce terme qui, au milieu des années 90, était synonyme de puissance et était ouvertement revendiqué est aujourd’hui récusé par les grandes fortunes de Russie, tant il est lié aux pires heures de l’ère Eltsine.

L’oligarchie a fortement évolué tout au long de la période. Certains oligarques sont tombés dans l’oubli, d’autres ont fui ou sont en prison. Les plus pragmatiques se sont adaptés en renonçant à toute prétention politique, ce qui rend d’autant le terme inadéquat pour les désigner aujourd’hui. C’est Boris Berëzovski, l’éminence grise du Président Eltsine, qui popularise pour la première fois le terme en 1996, lors d’un entretien donné au “Financial Times”. Il qualifie ainsi lui-même les sept banquiers qui ont réuni leurs moyens afin de permettre à Boris Eltsine d’être réélu Président. La misère et l’anarchie dans lesquelles était plongée la Russie, rendait un deuxième mandat peu probable pour ce piètre gestionnaire. Ces sept banquiers prétendaient contrôler plus de 50% de l’économie russe. On les surnomma “semibankirschina”. Ce terme était l’adaptation contemporaine de celui de « Sémiboyarschina », les sept boyards qui trahirent le Tsar et livrèrent Moscou aux envahisseurs polonais en 1610. En 1996, il s’agit pour ces banquiers de sauver les actifs industriels, malhonnêtement privatisés pendant les premières années de l’ère Eltsine, d’un possible retour des communistes au pouvoir.

Après s’être enrichis en détournant les fonds publics, grâce à la complicité d’hommes politiques haut-placés, ces hommes d’affaires se sont ensuite emparés pour des sommes ridicules, de pans entiers du patrimoine industriel russe, notamment dans le secteur des ressources

naturelles. En ces temps troubles, pour assurer la sécurité physique du produit de leur prédation, ils s’associèrent avec les mafias qui avaient éclos un peu partout en Russie.

Ces mafias constituaient également des entités économiques disposant de liquidités considérable à un moment où celles-ci faisaient justement défaut, et où tout était à vendre. Le plus célèbre de ces mafieux fut Anatoli Bykov, qui prit part à la guerre de l’aluminium.

Boris Abramovitch Berëzovski, homme d’affaires russo-israélien, est le plus connu de ces oligarques. Sa fortune trouve son origine dans la vente frauduleuse des voitures produites par la société d’Etat AvtoVaz, plus connue en Europe sous le nom de LADA. Il parvient ensuite à se rapprocher de la “famille” Eltsine. Il s’empare alors d’actifs pétroliers et industriels, puis de la gestion de la compagnie Aéroflot, qu’il amène au bord de la faillite.
L’éditeur de la version russe du magazine “Forbes”, le russo-américain Paul Klebnikov, lui consacre un ouvrage très critique, « le parrain du Kremlin ». Sa liberté de parole lui vaut d’être assassiné le 9 juillet 2004 à Moscou. Le soutien ouvert de Paul Klebnikov à la politique de restauration de l’Etat de Vladimir Poutine explique que son assassinat a eu très peu d’écho en France, contrairement à celui d’Anna Politovskaïa deux ans après.

Vladimir Alexandrovitch Goussinski, est également un homme d’affaires russo-israélien. Sa fortune provient de la banque qu’il fonde en 1989, et de son alliance avec le maire de Moscou, Youri Loujkov. Il fonde le premier groupe de médias privé et regroupe ses activités au sein de «Média Most». Il livre à Boris Berëzovski un combat à mort au début des années 90, puis se réconcilie avec lui en 1996, afin de soutenir la candidature d’Eltsine. Il est un membre éminent du congrès juif mondial, et fonde avec Mikhaïl Friedman, le congrès juif russe. La crise de 1998 l’affaiblit durablement.

Vladimir Olegovitch Potanine, dont le poste au ministère du commerce extérieur, lui permet de s’enrichir considérablement et de créer son groupe financier, INTERROS, et sa banque, ONEXIM est un autre oligarque fameux. En 1995, il est le concepteur du système de prêts contre actions, qui permet aux banquiers d’acquérir à peu de frais des pans entiers de l’industrie russe. Pour quelques centaines de millions de dollars prêtés à l’Etat russe à la limite de la banqueroute, les oligarques s’emparent alors d’actifs qui en valent plusieurs milliards. Vladimir Potanine, grâce à ce système, s’empare de Norilsk Nickel.

Mikhaïl Borisovitch Khodorkowski débute sa carrière comme membre influent du Komsomol de Moscou (organisation de jeunesse soviétique où étaient recrutées les futurs cadres du parti communiste). C’est grâce aux fonds de cette organisation et à ses liens avec le parti communiste, qu’il fonde sa banque, la MENATEP. Il s’empare ensuite des actifs de la compagnie Yukos grâce au système prêts contre actions.  La privatisation de Yukos est émaillée de nombreux assassinats et se fait au mépris le plus absolu du droit des actionnaires minoritaires, notamment étrangers. Le maire de Neftyougansk, où se trouve le plus gros actif de Yukos, et qui avait entrepris une grève de la faim pour obtenir le paiement des taxes dues à sa ville au bord de la ruine, est assassiné le 26 juin 1998, jour de l’anniversaire de Khodorkowski. Le chef de la sûreté de Yukos, Alexeï Pitchouguine, est toujours en prison pour ce crime. Ceux qui s’apitoient sur le sort de l’oligarque en pensant qu’il paie très cher des opérations financières feraient bien de s’informer sur les crimes de sang de l’ère Khodorkowski. Khodorkowski se lie avec les milieux d’affaires états-uniens et dépense sans compter auprès des agences de communication pour se construire une image positive, abusant les très complaisants médias occidentaux.

Mikhaïl Maratovitch Friedman reste encore aujourd’hui l’un des plus puissants hommes d’affaires russe. Avec son associé Piotr Aven, ministre du commerce extérieur au début des années 90, il fonde le groupe consortium “Alfa”, dont les fleurons sont la banque “Alfa” et la compagnie pétrolière “TNK”.

Vladimir Victorovitch Vinagradov privatise à son profit la banque d’état “Inkombank” en 1993. Il disparaît de la scène politico-économique après la banqueroute de sa banque, lors de la crise de 1998.

Alexander Pavlovitch Smolenski, condamné à l’époque soviétique pour divers trafics refait lui surface en créant la banque “Stolichny”. La privatisation à son profit de la banque d’état AGROPROM, lui permet de fonder “SBS AGRO”, première banque privée et deuxième banque de Russie. En 1998, la banque est emportée par la crise et ruine plusieurs millions de petits épargnants. Il perd alors toute influence politique, même s’il conserve sa fortune.

Ces sept banquiers ne sont pas les seuls hommes riches et influents de l’ère Eltsine, mais ce sont eux les “faiseurs de rois”. Ils ont construit leur fortune sur le triptyque “Tchénovnik” (responsable politique), mafieux, homme d’affaires. On trouve également dans les provinces russes, des oligarques locaux très puissants, ayant construit leur pouvoir sur la même base.

La crise de 1998 entraîne la disparition de deux des sept banquiers, Vinogradov et Smolenski. Une nouvelle génération apparaît alors sur les ruines de la Russie d’après la crise. Ils ont fait leur fortune dans les années 90 et sont alors au sommet de leur puissance. Ils sont plus jeunes que la première génération, mais ils lui sont très liés.

Les plus célèbres sont Mikhaïl Prokhorov, partenaire de Vladimir Potanine au sein de Norilsk Nickel, Roman Abramovitch lié à Boris Berëzovski, et Oleg Déripaska, homme-lige des frères Mikhaïl et Lev Tchernoï au sein de Russki Alumini. C’est également à cette époque que les hommes d’affaires commencent à prendre leur distance avec les mafieux qui les ont protégés.

Au début des années 2000, les oligarques se trouvent, comme en 1996,face au risque de retour au pouvoir des communistes. Même avec un contrôle quasi complet de la presse russe, les oligarques ont besoin d’un candidat crédible pour défendre leurs intérêts. Ils jettent leur dévolu sur un homme, dont la loyauté pour le Président Eltsine, leur laisse supposer qu’ils le manipuleront aussi facilement que le Président sortant. Porté par sa victoire en Tchétchénie, Vladimir Poutine est ainsi élu Président le 26 mars 2000. Mais pour les oligarques, c’est le début de la fin.

Après l’élection de Vladimir Poutine à la présidence en mars 2000, la grande question qui anime la presse occidentale est de savoir si le nouveau Président sera une marionnette entre les mains des oligarques. Etonnamment, plus Vladimir Poutine fera rentrer les oligarques dans le rang, plus il se sera la cible des attaques de cette presse, qui quelques mois auparavant, dénonçait leur emprise sur la Russie.
Le premier à faire les frais du changement de pouvoir est Vladimir Goussinski, dont les médias avaient attaqué Vladimir Poutine durant les élections. Il s’enfuit en Espagne, puis en Israël en juillet 2000. Le holding « Média-Most », criblé de dettes est démantelé et finit entre les mains du monopole gazier public, Gazprom. Ce même mois de juillet 2000, le Président Poutine convoque les oligarques pour leur annoncer les nouvelles règles auxquelles ils doivent se soumettre, s’ils ne veulent pas avoir à rendre compte de leurs multiples prédations. Ces règles sont au nombre de quatre :

  • Payer les impôts.
  • Arrêter l’évasion fiscale.
  • Réinvestir les profits des sociétés en Russie.
  • Enfin et surtout, ne plus faire de politique.

La plupart des oligarques sentent le vent tourner et se soumettent aux nouvelles règles. Deux des sept banquiers tentent pourtant de s’opposer à la volonté du nouveau Président. Le premier est Boris Berëzovski, l’ancienne éminence grise d’Eltsine, qui n’admet pas son déclassement. Mais Vladimir Poutine dirige désormais la Russie d’une main de fer. Il purge rapidement l’administration présidentielle, et sait qu’il peut compter sur le soutien des structures de forces. En 2001 Berëzovski est contraint de fuir à Londres. Il complote depuis la capitale anglaise et devient un ennemi juré du Kremlin. Il finance toutes les formes d’opposition à Vladimir Poutine, en Russie comme à l’étranger. Il soutient la prise de pouvoir de Mikhaïl Saakhachvili en Géorgie en 2003, puis la révolution orange en Ukraine en 2004. Il soutient le terroriste tchétchène Akhmed Zakaïev, réfugié également à Londres. Il promet régulièrement de grandes révélations sur Vladimir Poutine, sans que rien de concluant ne soit jamais publié. Il bénéficie en outre de la protection des services secrets anglais.

Le deuxième oligarque à ne pas accepter la nouvelle donne est Mikhaïl Khodorkowski. Les médias occidentaux, alimentés par les agences de communication américaines ont, à tort, attribué l’arrestation de l’oligarque à de prétendues ambitions politiques, et ont tâché d’en faire un nouveau Soljenitsyne. Khodorkowski tombe pour des motifs moins glorieux. A partir de 2003, Il se met à financer toutes les oppositions possibles à la Douma, des communistes jusqu’aux libéraux. Il espère ainsi former un groupe parlementaire lequel lui permettrait de bloquer la réforme fiscale qu’a entreprise Vladimir Poutine. Entre 2003 et 2004, la taxation des bénéfices des compagnies pétrolières russes est effectivement passée de 5% à 30% en moyenne. L’oligarque a également l’intention de faire entrer massivement des compagnies américaines dans l’actionnariat de Youkos, que ce soit Chevron ou Exxon. Enfin, il veut s’affranchir du monopole du transport des hydrocarbures de « Transneft » et construire avec les Chinois, un pipeline qui relierait directement ses forages à la Chine. Il est peu vraisemblable que Khodorkowski ait eu une ambition politique personnelle, il était trop intelligent pour ne pas savoir qu’il représentait tout ce que le peuple russe haïssait. La condamnation de Khodorkowski et de ses associés, extrêmement populaire auprès des Russes, marque réellement la fin du système oligarchique en Russie. Il semble en outre que Vladimir Poutine considère personnellement, que Khodorkowski doive payer pour les crimes de sang trop nombreux qui ont entouré la privatisation de Youkos, notamment celle du maire de Youganskneft, le jour de l’anniversaire de l’oligarque. C’est dans ce sens que Vladimir Poutine a comparé dernièrement la situation de Khodorkowski à celle d’Al Capone, ce mafieux américain, condamné non pas pour ses crimes de sang, improuvables, mais pour fraude fiscale.

L’exemple de Khodorkowski porte ses fruits, les conglomérats de matières premières paient désormais leurs taxes. Le Kremlin en profite pour remettre la main sur plusieurs actifs industriels. Ceux de Youkos passent sous le contrôle de la compagnie publique Gazprom en 2004. En 2005, Sibneft, la compagnie de Berëzovski puis d’Abramovitch est également rachetée par Gazprom et devient Gazpromneft.

Des sept banquiers de 1996, il n’en reste que deux. L’un des deux, Vladimir Potanine, a annoncé en février 2010, qu’il léguera sa fortune de plus de $5 milliards, à des œuvres de bienfaisance. Le second est Mikhaïl Friedman, dont on annonce la chute depuis plusieurs années sans qu’elle se soit produite pour l’instant. La jeune génération des Déripaska, Abrahmovitch ou Prokhorov a abandonné la politique au profit des affaires, des stations de ski et des clubs de football. De plus, la crise de 2008 a affaibli durement Déripaska, qui ne doit la préservation de son empire qu’au prêt de $4,5  milliards que lui accorde le gouvernement russe au travers de la VnechEconomBank.

Comme un signe des temps, Dimitri Medvedev et Vladimir Poutine ont annoncé le lancement d’une vague de privatisations, mais cette fois, elles rapporteront plus de $40 milliards à l’état russe, et permettront à des sociétés étrangères d’entrer dans le capital et la gestion de ces sociétés. Le temps des oligarques est désormais révolu, aucun homme d’affaire russe, si riche soit-il, n’a plus les moyens de faire élire le Président de la Fédération de Russie. Contrairement aux affirmations romanesques de Pierre Avril dans le Figaro, ceux qu’il appelle les « nouveaux oligarques » sont en fait des hommes d’affaires, qui sont certes très proches du gouvernement et en ont profité pour accroître leur fortune, mais n’influent pas sur les décisions politiques. Ce défi que Vladimir Poutine a réussi à relever, vaincre les oligarchies dont certaines l’avaient mené au pouvoir, est exactement le même qui se pose aujourd’hui à Viktor Ianoukovitch en Ukraine et… à Barack Obama aux Etats-Unis.

Xavier Moreau

Краткая история олигархии в России

Ксавье Моро (Xavier Moreau) недавно опубликовал на сайте Realpolitik.tv редакционную статью, посвященную олигархии в России. Статья ясная и лаконичная, я позволил себе, с разрешения автора, опубликовать ее в своем блоге.

Слово «олигарх» само по себе характеризует историю России последних двадцати лет, и мы видим, что сейчас оно используется для обозначения чего угодно. Этот термин, в середине 90-х бывший синонимом могущества и открыто отстаивавшийся, в настоящее время отвергается богатейшими людьми России, настолько он связан с худшими временами ельцинской эпохи.

Олигархия значительно эволюционировала в течение всего периода. Некоторые олигархи забыты, другие бежали, либо сидят в тюрьме. Более прагматичные приспособились, отказавшись от всех политических требований, что делает термин «олигархи» неадекватным для их сегодняшнего описания. Это Борис Березовский, серый кардинал президента Ельцина, впервые использовал термин «олигархи» в 1996 году в интервью Financial Times. Он сам так назвал семь банкиров, которые объединили свои ресурсы, позволившие Борису Ельцину быть переизбранным на президентский пост. Нищета и анархия, в которые погрузилась Россия, делали второй срок этого плохого управленца маловероятным. Эти семь банкиров утверждали, что контролируют 50% российской экономики. Их называли «семибанкирщина». Этот термин был современной адаптацией термина «семибоярщина», обозначавшего семерых бояр, которые предали царя и сдали Москву польским захватчикам в 1610 году. В 1996 году речь шла о сохранении этими банкирами промышленных активов, нечестно приватизированных в первые годы ельцинской эпохи, от возможного возвращения к власти коммунистов.

Обогатившись на расхищении государственных средств, благодаря соучастию высокопоставленных политиков, эти бизнесмены затем за смешные суммы овладели большей частью российского промышленного достояния, особенно в сфере природных ресурсов. В эти смутные времена для обеспечения физической безопасности плодов их хищничества, они присоединились к мафии, которая расцвела по всей России.

Эта мафия включала также хозяйствующие субъекты, которые располагали существенной ликвидностью в период, когда ее просто не доставало, и когда все было на продажу. Самым известным из этих бандитов был Анатолий Быков, который принимал участие в алюминиевой войне.

Борис Абрамович Березовский, русско-израильский бизнесмен, является самым известным из этих олигархов. В основе его состояния лежит мошенническая продажа автомобилей, произведенных государственной компанией «АвтоВАЗ», более известной в Европе под именем LADA. Затем он сумел сблизиться с «семьей» Ельцина. Затем он овладел нефтяными и промышленными активами, затем компанией «Аэрофлот», которую он привел на грань банкротства.

Редактор русской версии журнала «Форбс», американец русского происхождения Пол Хлебников посвятил ему весьма критическую книгу «Крестный отец Кремля». Свобода слова стоила ему жизни, он был убит 9 июля 2004 в Москве. Открытая поддержка Полом Хлебниковым политики Владимира Путина по восстановлению государства объясняет, почему его убийство получило так мало откликов во Франции, в отличие от убийства Анны Политковской два года спустя.

Владимир Александрович Гусинский также русско-израильский бизнесмен. Его состояние происходит из основанного им в 1989 году банка и союза с мэром Москвы Юрием Лужковым. Он основал первую частную медиа-группу, и консолидировал свою деятельность в «Медиа-Мосте». Он объявил Борису Березовскому войну, затем в 1996 году примирился с ним для поддержки кандидатуры Ельцина. Он является видным членом Всемирного еврейского конгресса, и основал с Михаилом Фридманом русско-еврейский конгресс. Кризис 1998 года его существенно ослабил.

Владимир Олегович Потанин, должность которого в министерстве внешней торговли позволила ему значительно обогатиться и создать финансовую группу «Интеррос» и свой банк ОНЭКСИМ, также является известным олигархом. В 1995 году он был разработчиком системы «кредиты взамен акций», позволившей банкирам задешево получить целые отрасли российской промышленности. За несколько сотен миллионов долларов, предоставленных взаймы российским государством, находящимся на грани банкротства, олигархи овладели активами, которые стоили многие миллиарды. Владимир Потанин, благодаря этой системе, получил «Норильский никель».

Михаил Борисович Ходорковский начал свою карьеру как влиятельный член московского комсомола (организации советской молодежи, из которой набирались будущие лидеры коммунистической партии). Именно благодаря средствам этой организации и ее связям с коммунистической партией, он основал свой банк «Менатеп». Затем он овладел активами компании «ЮКОС» благодаря системе «кредиты взамен акций». Приватизация «ЮКОСа» сопровождалась многочисленными убийствами и абсолютным презрением к правам миноритарных акционеров, в том числе иностранцев. Мэр Нефтеюганска, где находится самый крупный актив «ЮКОСа», который начал голодовку, чтобы добиться оплаты налогов, полагающихся его городу, находящемуся на грани разорения, был убит 26 июня 1998, в день рождения Ходорковского. Начальник службы безопасности «ЮКОСа» Алексей Пичугин по-прежнему находится в тюрьме за это преступление. Тем, кто сочувствуют судьбе олигарха, думая, что он дорого платит за финансовые операции, не мешало бы узнать о кровавых преступлениях эпохи Ходорковского. Ходорковский связывается с деловыми кругами Америки и не считая расходует средства в рекламных агентствах для создания положительного имиджа, злоупотребляя снисходительностью западных СМИ.

Михаил Маратович Фридман остается и сегодня одним из самых могущественных российских бизнесменов. Со своим деловым партнером Петром Авеном, министром внешней торговли в начале 90-х, он основал консорциум «Альфа», самым ценным из которого являются банк «Альфа» и нефтяная компания ТНК.
Владимир Викторович Виноградов приватизировал государственный банк «Инкомбанк» в 1993 году. Он исчезает с политико-экономической сцены после банкротства его банка во время кризиса 1998 года.

Александр Павлович Смоленский, осужденный в советские времена за различные махинации, поправил свои дела, создав банк «Столичный». Приватизация государственного банка «Агропром», позволяет ему основать «СБС Агро», первый частный банк и второй банк в России. В 1998 году банк был уничтожен кризисом и разорил миллионы мелких вкладчиков. Смоленский теряет политическое влияние, но сохраняет состояние.
Эти семь банкиров не были единственными богатыми и влиятельными людьми эпохи Ельцина, но это они «делали короля». Они построили свои состояния на триптихе: чиновник, мафиози, бизнесмен. В российской провинции есть местные очень влиятельные олигархи, построившие свою власть на той же основе.

Кризис 1998 года привел к исчезновению двух из семи банкиров, Виноградова и Смоленского. Новое поколение появляется на развалинах России после кризиса. Они сделали свои состояния в 90-х годах и находятся на пике своего могущества. Они моложе, чем первое поколение, но они с ним очень тесно связаны.
Самые известные из них ― это Михаил Прохоров, партнер Владимира Потанина в «Норильском никеле», Роман Абрамович, связанный с Борисом Березовским, и Олег Дерипаска, вассал братьев Михаила и Льва Черных в «Русском алюминии». Кроме того, в тот период бизнесмены начинают дистанцироваться от охранявшей их мафии.

В начале 2000-х олигархи, как и в 1996 году, оказались перед лицом угрозы возможного возвращения к власти коммунистов. Даже почти полностью контролируя российские СМИ, олигархов нуждались в надежном кандидате для защиты своих интересов. Они остановили свой выбор на человеке, чья лояльность по отношению к президенту Ельцину позволяла им предположить, они будут манипулировать им столь же легко, как уходящим президентом. Благодаря победе в Чечне, Владимир Путин был избран президентом 26 марта 2000 года. Но для олигархов это стало началом конца.
После избрания Владимира Путина на президентский пост в марте 2000 года, западную прессу главным образом занимал вопрос, будет ли новый президент марионеткой в руках олигархов. Удивительно, но чем больше Путин лишал олигархов их привилегированного положения, тем больше он становился объектом нападок прессы, которая несколькими месяцами ранее отрицала их господство над Россией.

Первым пострадавшим от смены власти стал Владимир Гусинский, СМИ которого атаковали Владимира Путина во время выборов. Он бежал в Испанию, затем в июле 2000 года ― в Израиль. Холдинг «Медиа-Мост», обремененный долгами, был разделен и, в конце концов, оказался руках государственной газовой монополии «Газпром». В том же июле 2000 года президент Путин созывает олигархов, чтобы объявить им новые правила, которым они должны подчиниться, если они не хотят отвечать за свои многочисленные нарушения. Этих правил четыре:
Платить налоги.
Прекратить обход налогового законодательства.
Реинвестировать прибыли в российские предприятия.
И, наконец, не заниматься политикой.

Большинство олигархов почувствовали, что ветер изменился, и подчинились новым правилам. Два из семи банкиров, тем не менее, пытаются противостоять воле нового президента. Первым стал Борис Березовский, бывший серый кардинал Ельцина, который не признал понижения в ранге. Но Владимир Путин руководит Россией железной рукой. Он быстро очищает президентскую администрацию, и знает, что может рассчитывать на поддержку силовых структур. В 2001 году Березовский вынужден бежать в Лондон.

Из английской столицы он затевает заговоры и становится заклятым врагом Кремля. Он финансирует все формы оппозиции Владимиру Путину в России и за рубежом. Он поддерживает захват власти Михаилом Саакашвили в Грузии в 2003 году и «оранжевую революцию» на Украине в 2004. Он поддерживает чеченского террориста Ахмеда Закаева, также укрывшегося в Лондоне. Он регулярно обещает крупные разоблачения Владимира Путина, однако ничего убедительного никогда не было опубликовано. Кроме того, он пользуется защитой британских спецслужб.

Вторым олигархом, не принявшим новые условия, стал Михаил Ходорковский. Западные средства массовой информации, подпитываемые американскими агентствами по общественным связям, несправедливо отнесли арест олигарха на счет предполагаемых политических амбиций, и постарались сделать из него нового Солженицына. Ходорковский пал по причинам менее славным. С 2003 года он принялся финансировать всю возможную оппозицию в Думе, от коммунистов до либералов. Он надеется сформировать парламентскую группу, которая позволила бы ему блокировать налоговую реформу Владимира Путина. Между 2003 и 2004 годами налогообложение нефтяных компаний России увеличилось в среднем с 5% до 30%. Олигарх планирует также массово ввести американские компании, будь то Chevron и Exxon, в акционеры «ЮКОСа».

Наконец, он хочет освободиться от монополии «Транснефти» на транспортировку нефти и построить вместе с китайцами нефтепровод, непосредственно связывающий его буровые с Китаем. Маловероятно, что у Ходорковского были личные политические амбиции, он был слишком умен, чтобы не знать, что он олицетворял собой все, что русский народ ненавидел. Приговор Ходорковскому и его соратникам, чрезвычайно популярный среди россиян, на самом деле означал конец олигархической системы в России. Кажется также, что Владимир Путин лично полагал, что Ходорковский должен заплатить за кровавые преступления, окружающие приватизацию «ЮКОСа», в том числе убийство мэра Нефтеюганска в день рождения олигарха. Именно в этом смысле Владимир Путин недавно сравнил ситуацию Ходорковского с Аль Капоне, этим американским мафиози, осужденным не за кровавые преступления, недоказуемые, но за уклонение от уплаты налогов.

Пример Ходорковского принес свои плоды, предприятия, добывающие полезные ископаемые, стали платить налоги. Кремль этим воспользовался, чтобы наложить руку на многие промышленные активы. Активы «ЮКОСа» попали под контроль государственной компании «Газпром» в 2004 году. В 2005 году «Сибнефть», компания Березовского, а затем Абрамовича, была выкуплена «Газпромом» и стала «Газпромнефтью».

Из семи банкиров 1996 года осталось только два. Один из них, Владимир Потанин, объявил в феврале 2010 года, он завещает свое более чем пятимиллиардное состояние на благотворительность. Второй ― Михаил Фридман, падение которого предсказывалось в течение многих лет, но которое так и не случилось. Молодое поколение Дерипаски, Прохорова и Абрамовича отказалось от политики в пользу бизнеса, лыжных курортов и футбольных клубов. Кроме того, кризис 2008 года серьезно ослабил Дерипаску, который обязан сохранением своей империи кредиту в 4,5 миллиарда долларов, предоставленному ему правительством России через «Внешэкономбанк».

Как знамение времени, Дмитрий Медведев и Владимир Путин объявили о начале новой волны приватизации, но на этот раз она принесет более 40 миллиардов долларов российскому государству и позволит иностранным компаниям войти в капитал и в управлении этими предприятиями. Время олигархов в настоящее время закончилось, ни один российский бизнесмен, каким бы богатым он ни был, не имеет больше средств влиять на избрание президента России. Вопреки романтическим утверждениям Пьера Авриля в Le Figaro, те, кого он называет “новыми олигархами”, на самом деле являются бизнесменами, которые, безусловно, очень близки к правительству, и которые пользуются этой близостью для увеличения своего состояния, но не оказывают влияния на политические решения. Этот вызов Владимир Путин сумел преодолеть, победив олигархов, некоторые из которых привели его к власти, точно такую же задачу предстоит разрешить сегодня Виктору Януковичу на Украине и … Бараку Обаме в Соединенных Штатах.

Перевод : Уголин