Le Far-Est russe à la croisée des chemins ?

Alors que la situation démographique russe s’est relativement stabilisée (la population russe ne baisse plus depuis 2009 grâce à l’immigration et 2014 devrait, comme 2013, voir un quasi-équilibre naissances/décès), les mouvements de population a l’intérieur de la fédération de Russie donnent quelques bonnes indications quant à certaines tendances lourdes en cours.

Aujourd’hui, la Russie dite européenne a une superficie d’environ 3.960.000 km2 et représente environ 40 % de la péninsule européenne. A titre de comparaison la superficie de l’Inde est de 3.287.263 km2 . Elle concentre 78% de la population du pays pour 25% du territoire, alors que les territoires de la Sibérie et de l’extrême orient représentent 75% du territoire mais ne comprennent que 22% de la population.

La tendance de migration de l’Est vers l’Ouest en Russie est incessante depuis la chute du mur et l’ouverture de Moscou, dont la population est passée de 8,9 millions d’habitants en 1989 à près de 15 millions aujourd’hui. Le climat bien sûr, mais aussi les débouchés économiques et de meilleures infrastructures sont les raisons principales qui incitent les Russes à quitter l’Est du pays pour tenter leurs chances à l’Ouest. Selon le site Expert.ru 40% des habitants de Sibérie et d’extrême orient souhaiterait quitter leur lieu de résidence. De 1989 à 2010, alors que la Russie a perdu 3,5% de sa population, la Sibérie en a elle perdu 8,6% et l’extrême orient 20%.

Dans les deux cas, la forte mortalité ne joue pas autant que la forte immigration d’Est vers l’Ouest.

La capitale de la Sibérie, Novossibirsk, est à elle seule un bon exemple des problèmes structurels de cette Russie d’Asie. En juin dernier, le centre ИнфоСкан a publié un sondage indiquant que 52% des habitants de la ville n’étaient pas satisfaits de leur lieu d’habitation et 10% des sondés souhaitaient quitter la ville. Les raisons principales de cette lourde insatisfaction sont le mauvais état et les problèmes d’entretien des infrastructures de logement (44%), les problèmes d’alcoolisme et de drogue (33%) et la corruption au sein des organes politiques locaux (29%). Enfin, le trop grand nombre d’immigrés est un problème pour 22% des sondés puisque Novossibirsk fait face a un essor économique et un boom de la construction qui attire de nombreux travailleurs migrants dans le domaine de la construction.

Cette inquiétante tendance démographique et migratoire reste le principal problème des ambitions stratégiques et de développement économiques pour la région. Rappelons que la Russie projette de réaliser en Asie-Pacifique 22% à 25% de ses exportations pétrolières et 20% de ses exportations de gaz d’ici à 2020. Ce souhait se couple avec un ambitieux plan de développement de l’extrême orient russe de près de 125 milliards d’euros, qui inclue également des politiques de repeuplement du grand Far-Est.

Comment inverser la tendance lourde ?

La Russie devrait peut-être prendre exemple sur son ancienne province russe : l’Alaska. Malgré des conditions climatiques aussi difficiles et une Amérique continentale sans doute aussi bien plus attirante pour ses habitants que ne l’est la Russie européenne pour les sibériens et les extrême-orientaux, l’Alaska a vu sa population passer de 550.000 habitants en 1990 à prés de 732.000 habitants en 2012.

Un impératif pour que la Russie puisse au milieu de ce siècle avoir pu établir sa fenêtre sur l’Asie, comme elle a su établir une fenêtre sur l’Europe il y a de cela prés de trois siècles. /N
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