5 mythes Poutiniens sur Atlantico

Le site d’information Atlantico a publié un de mes articles sur les mythes qui entourent la gouvernance Poutine. l’article s’intitule : Cinq clichés sur le “Tsar” Poutine enfin démontés.
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Aors que les élections présidentielles russes ont lieu ce dimanche, beaucoup de commentaires négatifs ont accompagné la décision de l’actuel premier ministre de faire un troisième mandat. Pour beaucoup d’observateurs étrangers, la personnalité deVladimir Poutine  est attachée à nombre de stéréotypes et de préjugés négatifs, souvent en corrélation avec ceux répandus sur la Russie  d’aujourd’hui. Pourtant il convient d’observer la séquence historique russe récente en prenant un peu de distance et un peu de hauteur, et en s’abstenant d’adhérer trop simplement aux mythes qui entourent “la Russie de Poutine”. Voyons quelques chiffres et quelques réalités.

1er cliché : La Russie de Poutine serait un pays pauvre dans lequel la vie ne s’est améliorée que pour les riches et les oligarques.

Sous le gouvernement Poutine, les chiffres montrent que la pauvreté a nettement reculé. Le taux de russes vivant sous le seuil de pauvreté, est passé de 35 à 23%  de 2000 à 2004 et il était tombé à 12,8% fin 2011. Pour mémoire: il est à noter qu’en France, en 2007, 13,7%  de la population vivait sous le seuil de pauvreté. Pendant la décennie Poutine  (2000 a 2008) le pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvreté a baissé de 53,8%, le nombre de suicides de 30%, le nombre d’homicides de 39% et le taux de chômage de 68%, celui si s’établissant à 6,3% fin 2011. Sur la même période la surface d’habitation par habitant a augmenté de 15%, l’indice de production industrielle des produits manufacturés de 62.9%. Enfin la production agricole a elle augmenté de 231.5%. Dans l’opposition politique russe, personne ne conteste ces chiffres.

2e cliché : La Russie de Poutine ne se serait redressée que grâce aux matières premières.

En 1998 la dette publique a atteint 66% du PIB et le pays s’est retrouvé en défaut de paiement. La Russie a alors réalisé des coupes très importantes dans les dépenses publiques, et profité du rebond des marchés gaziers et pétroliers. Mais d’importantes réformes structurelles ont alors été menées comme le nouveau barème fiscal ou la promulgation de codes juridiques nouveaux comme les codes civil et douanier. À peine un an après la cessation de paiement du pays, la croissance est repartie à la hausse avec un taux moyen d’environ 7% pendant une décennie, jusqu’à la crise de 2008. De toute évidence, les réformes introduites à la suite de la crise de 1998 sont à l’origine de cette croissance, bien avant la montée en flèche du prix du pétrole. En outre la part  du secteur pétrolier et gazier dans l’économie devrait reculer de 22-24% à environ 17% dans les 10 ans à venir.


3e cliché : La Russie de Poutine serait un régime basé sur la corruption.

Après la chute de l’URSS, la Russie a connu une décennie de total effondrement politique, économique et social. Lors de cette période, des hommes d’affaires peu scrupuleux ont alors réellement pris le pouvoir et ont pillé les ressources du pays, ce sont les fameux oligarques qui se sont enrichis lors de privatisations en dehors de tout cadre légal. Lors de la reprise en main des affaires par Vladimir Poutine, sa première tache a été de reconstruire l’autorité de l’état, reconstruire un cadre légal et gérer une guerre enTchétchénie . Il est d’ailleurs curieux que la presse occidentale, qui fustigeait ces oligarques enrichis dans les années 90, s’est mise très curieusement à fustiger Vladimir Poutine, au moment ou celui-ci a commencé à les mettre au pas. Toujours est-il que cette reprise en main de l’état est à ce jour bien avancée et que la corruption (fléau historique et culturel russe) est déjà fortement endiguée par rapport a la décennie précédente. Elle concerne surtout maintenant la sphère publique, on peut donc dire qu’elle a été « civilisée ». L’état a entamé dans ce domaine une lutte qui sera longue et difficile.

4e cliché : La Russie de Poutine serait un pays ou les candidats pro-occidentaux ne peuvent agir politiquement, car le Kremlin les en empêche.

Les partis libéraux ont toujours pu librement participer aux élections et exister politiquement en Russie mais leur influence politique n’a cessé de baisser (12 % aux élections législatives de 1993, 7 % aux élections législatives de 1995 et 1999, 4 % en 2003, 2 % en 2006, 3% en 2011). Les élections législatives de 2011 ont confirmé cette tendance et ont montré que contrairement à ce que le mainstream médiatique occidental laisse penser, les courants politiques émergents sont en Russie des courants de gauche (parti communiste et gauche patriotique) ou nationalistes qui demandent les uns et les autres plus d’état, plus d’autorité et moins de libéralisme économique . Les partis libéraux ne séduisant, eux, qu’une minorité de la classe moyenne supérieure.

5e cliché : La Russie de Poutine serait un pays ou les élections sont truquées.

Les élections ont été truquées sous Eltsine. L’élection présidentielle de 1996 aurait du être remportée par le candidat du parti communiste Guennady Ziouganov et non pas parBoris Eltsine comme cela a été le cas. La Russie est un pays immense et on peut bien imaginer que les années de chaos de 1991 à 2000 ont été propices à bien des irrégularités électorales. L’aspect géographique et administratif du pays laisse aussi beaucoup de marge à des erreurs, ou des fraudes. Ce qui est certain, c’est que les élections sont de mieux en mieux organisées et de plus en plus surveillées. On peut donc en déduire que le niveau de fraude est de plus en plus « faible ». Les dernières élections législatives russes ont à ce titre sans doute été les plus justes de l’histoire russe contrairement à ce que beaucoup de journalistes ont affirmé. Pour s’en assurer il suffit de comparer les résultats finaux avec les très nombreuses estimations et sondages pré-électoraux. La grande majorité des observateurs étrangers a du reste reconnu le bon déroulement du scrutin. Bien sur les images d’une centaine de vidéos ont tourné en boucle sur les réseaux sociaux, laissant penser à des fraudes massives. Pourtant la grande majorité des observateurs sérieux pensent que le niveau des fraudes a étéinférieur à 5% et que la plupart de ces fraudes ont eu lieu pour des raisons structurelles et systémiques, bien plus que politiques.

 

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