Vers la fin du nouvel ordre mondial

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Pour la première fois depuis la chute de l’URSS et l’avènement du nouvel ordre mondial, la Russie mène une opération militaire hors de ses frontières, dans un pays voisin et souverain et ce afin de défendre des citoyens Russes. Le jeudi 7 aout 2008 restera dans les annale car l’opération militaire Russe actuellement en cours va modifier a “jamais” les relations internationales.
Comment en est on arrivé la et pourquoi cette petite bande de territoire semble avoir tellement d’importance pour Moscou, Tbilissi, Washington ou encore l’UE ? Et quelles sont les perspectives ?
La Georgie est un vieux pays du Caucase occupé par les Arabes (7ième au 11ième siècle), puis par les Mongols et la horde d’or (12ième au 15ieme) puis partagé entre Ottomans et Perses (16ieme) avant de recevoir la protection de la Russie en 1783. La libération des terres Georgiennes se fera au long du 19ième siècle et sera achevée en 1864. La Géorgie déclara son indépendance en 1918, avant d’être occupée par l’armée rouge en 1921 et de devenir la République socialiste soviétique de Géorgie en 1936. A la chute du l’URSS, la Georgie se retouve face a sa destinée, et a ses régions russophiles d’Ossétie et d’Abkhazie, une région de l’empire Bysantin incorporée de force à la Géorgie au 16ième siècle. Le nouveau gouvernement Georgien fait face à un conflit avec ces provinces et notamment l’Ossétie du sud dès 1991. Celle ci déclarera son indépendance en 1994 et en 2006, par référendum. Néanmoins la communauté internationale ne daignera jamais reconnaitre cette indépendance, sauf la Russie de Vladimir Poutine et la situation restera très tendue entre la province et l’état Georgien, ce jusqu’en 2003 ou le gouvernement de Edouard Chevardnadze tombe remplacé par celui de Mikhail Saakachvili.
 
La Géorgie, pion du grand échiquier
En novembre 2003, la Georgie a été victime d’un «coup d’état démocratique» : la révolution des roses, une des révolutions colorées organisées par la CIA et des officines «proches» afin de renverser des régimes des états jugés trop proches politiquement de Moscou ou ceux sur des emplacements stratégiques.
Ont principalement été visées des états comme la Serbie, l’Ukraine ou encore la Georgie (lire à ce sujet
mon article).
La Serbie parce que allié de la Russie dans les Balkans, l’Ukraine et la Géorgie parce que stratégiques dans la volonté d’encerclement (containment) de la Russie, ces deux états étant membres actifs du GUUAM. 

Depuis la prise de pouvoir de Mikhail Saakachvili la Georgie est devenue un allié indéfectible de Washington, le président a lui même été formé par Georges Soros, l’homme derrière les révolutions colorées d’Europe centrale, l’investisseur du Groupe Carlyle … Des ministres de l’actuel gouvernement sont des anciens collaborateurs du financier américain au sein de sa fondation. Un certain nombre de jeunes conseillers de Saakachvili ont également été formés aux états-Unis dans le cadre des échanges universitaires mis en place et gérés par la Fondation privée de Soros. Le gouvernement américain, quant à lui, a doublé son aide économique bilatérale à la Géorgie qui atteint aujourd’hui 185 millions de dollars. De plus, la Maison-Blanche est engagée dans un programme de formation des forces spéciales de l’armée géorgienne dans le cadre de la lutte contre le terrorisme islamiste dans la région avec l’aide d’Israël, lire à ce sujet cet article extrêmement bien documenté.À la mi-juillet, les troupes étasuniennes et géorgiennes ont tenu un exercice militaire commun dénommé « réponse immédiate » impliquant respectivement 1.200 Étasuniens et 800 Géorgiens.

J’ai déjà également traité de l’importance de la guerre énergétique en cours et notamment du pipeline BTC. Ce pipeline devant permettre de passer outre la Russie, et de desservir l’Europe du sud via la Georgie, la Turquie et Israel, qui souhaite par ce biais jouer un rôle essentiel dans la région bien sur, en contournant la Russie mais surtout dans la ré-exportation du pétrole vers l’Asie ! La revue Russe Kommersant ne titrait elle pas le 14 juillet 2006 que : « Le pipeline BTC a considérablement change le statut des pays de la région et cimenté une nouvelle alliance pro-occidentale. Ayant influé pour la construction de l’oléoduc vers la Méditerranée, Washington a pratiquement mis en place un nouveau bloc avec l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Turquie et Israël. »
Ces coups d’états fomentés par la CIA aux frontières de la Russie, l’extension à l’est de l’OTAN, l’installation du système de radars américains en europe centrale, les négociations d’entrée de l’Ukraine et la Géorgie dans l’OTAN (bloquées fort heureusement par l’Allemagne) mais surtout l’extension de l’UE (désormais sur la mer noire) et la terrible affaire du Kosovo ont été considéré par la Russie comme autant d’agressions indirectes et de viol du droit international qu’on lui prétend lui «opposer» pourtant officiellement partout. 

Juillet / Aout 2008
Le 12 juillet 2008, une annonce du Ministère géorgien de la Défense déclarait que les troupes étasuniennes et géorgiennes « s’entraînent durant trois semaines sur la base militaire de Vaziani » près de la capitale géorgienne, Tbilissi. (AP, 15 juillet 2008).Ces exercices, qui se sont achevés à peine une semaine avant l’attaque du 7 août, étaient la répétition générale évidente d’une opération militaire qui, selon toute probabilité, avaient été planifiée

en étroite coopération avec le Pentagone.

Dans un premier temps la Géorgie, puissamment armée et entraînée par l’Amérique et israël a contesté l’organe chargé de régler le conflit – la Commission mixte de contrôle – qui est coprésidé par la Russie, la Géorgie, l’Ossétie du Nord et l’Ossétie du Sud.
Le 7 août, coïncidant avec la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Beijing, le Président de Géorgie ordonne d’attaquer militairement tous azimuts la capitale de l’Ossétie du Sud, Tskhinvali. Une attaque militaire d’assez haute intensité pour «rétablir l’ordre constitutionnel».La Russie a alors réagi comme se doit de réagir un état souverain chatouillé sur sa frontière et dont les citoyens sont menacés militairement. Elle a répliquée afin de chasser les soldats géorgiens et de protéger ses citoyens. l’attaque contre l’Ossétie a abouti a l’affrontement direct avec les forces russes.

Ces cinq derniers jours, les combats ont été extrêmement violents, ce soir, mardi, l’armée Géorgienne a été repoussée hors d’Ossétie et les combats entre troupes Russes et Géorgiennes se seraient rapprochés de l’est du pays, vers la capitale Tbilissi. Comme l’affirme Alexandre Lomaia, le chef du Conseil national de sécurité Georgien «Nous n’avons pas capitulé, notre armée reste en bon ordre malgré les pertesJe peux vous assurer que nous recevons une aide militaire de l’étranger… Et nous la recevrons jusqu’à ce que nous ayons chassé les Russes du pays.» Le kremlin a ouvertement accusé l’Amérique de « favoriser » la Georgie. Comme le premier ministre,Vladimir Poutine l’a dit lui même : «

Ce n’est pas le cynisme des politiques (américains) qui étonne (…) mais c’est le niveau de ce cynisme, la capacité à présenter ce qui est blanc en noir, ce qui est noir en blanc, la capacité à présenter l’agresseur en victime de l’agression ” …. ” Saddam Hussein devait être pendu parce qu’il a détruit quelques villages chiites, mais les autorités géorgiennes actuelles doivent être défendues alors qu’elles ont rayé de la terre en une heure des dizaines de villages Ossètes, qu’elles ont écrasé vieillards et enfants avec leurs chars et qu’elles ont brûlé vif les gens dans leurs maisons ».Pourtant malgré l’aide internationale l’armée Russe est en train de “très sérieusement” affaiblir la force militaire Georgienne, afin de simplement éviter qu’une opération de telle ampleur ne puisse se reproduire. «Qu’est-ce qui peut empêcher les Russes d’aller jusqu’à Tbilissi? …. Saakachvili a pensé qu’il allait pouvoir regagner du terrain par la force. Imaginer que cette petite avancée tactique serait acceptée par la Russie est le calcul de quelqu’un de stupide» reconnaissait hier un diplomate européen plein d’amertume. Effectivement, si l’on regarde les forces en présence, on ne peut comprendre le geste de folie de Mikheil Saakachvili, sauf ci ce dernier a naïvement cru que le fait d’etre dans les bonnes graces des Occidentaux lui donnait tous les droits. …

Jugez vous même : 
RUSSIE : 1.000.000 d’hommes / 23.000 tanks / 26.000 pièces d’artillerie / 1.802 avion de combats / 1932 hélicoptères.
GEORGIE : 32.000 hommes / 128 tanks / 109 pièces d’artillerie / 8 avions d’attaques / 37 hélicoptères.
Comment dans ces conditions et sans l’aval de certains le petit poucet Géorgien pouvait il penser faire tomber l’ogre Russe, ce dernier bénéficiant en plus de l’appui des milices Ossètes et des volontaires cosaques ! Les vrais responsables des tragiques évènements ne sont pas la Russie, qui ne fait que défendre des citoyens Russes victimes d’une agression militaire de l’armée Géorgienne mais bel et bien la politique de fou de l’Amérique dans cette partie du monde, Amérique qui a fait miroiter a Saakachvili tout et n’importe quoi, de l’Union Européenne a l’OTAN, celui ci n’ayant en fait servi que de marionnette pour permettre la crcréation du pipeline BTC sus cité, et servir de fusible pour chatouiller l’ours sur sa frontière … 

Comme tout fusible, ce dernier va finir par brûler et ce sont les civils Géorgiens et Ossétes qui vont et ont déjà commencé a en faire les frais. Parallèlement, un second front s’est ouvert en Abkazie.
La Géorgie vient tout simplement de disparaître en tant qu’état souverain. 

De l’Ossétie au Kosovo, l’échec de l’OTAN
Derrière le conflit qui aboutira sans doute a la partition territoriale de l’Ossétie et de l’abkazie, comment ne pas voir un des ricochets de la politique irrationnelle de Washington dans les Balkans et notamment la sombre affaire du Kosovo ? Certes les cas de figures sont différentes, certes les ossètes n’ont pas envahi l’Ossétie comme les Albanais le Kosovo, mais puisque les Américains ont prouve que l’on pouvait modifier les frontières des états sans aucune raison au mépris des peuples et de toutes les règles de droit international, pourquoi ce qui serait valable pour les Kosovars ne le serait pas pour les Ossètes ou les Abkazes ? Vladimir Poutine avait parlé de l’Amérique dans des termes “post guerre froide”, comparant ce pays à : “un loup affamé qui mange et n’écoute personne” … Au début de cette année, le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov avait prévenu son homologue américain que : “la reconnaissance du Kosovo constituerait un précédent pour l’Abkhazie et l’Ossétie du sud“. Mais celui ci n’a pas été écouté.
Naïvement, Saakashvili a pensé que d’être dans les bonnes grâces du pentagone lui conférait un blang seing et le droit de recourir a la force sans aucune raison.En ce sens, un parallèle est faisable entre le viol de la souveraineté territoriale de la Serbie (a savoir la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo, alors que la

résolution 1244 du Conseil de sécurité de l’ONU (qui réaffirmait sans ambiguïté la souveraineté de la Serbie sur ce territoire) et l’agression militaire contre l’Ossétie de jeudi dernier.

Néanmoins, s’il est facile d’agresser un voisin faible, il l’est beaucoup moins contre un voisin fort, a savoir la Russie. Cette derniere affirme en outre que près de 2.000 civils auraient péris dans les combats, que 30.000 réfugiés auraient fui en Ossétie du nord et parle Habilement et ouvertement degénocide à l’encontre du peuple Ossète, des termes qui rappellent ceux utilisés par l’OTAN pour justifier sa campagne de bombardements en Serbie en 1999. 

En ce sens, la réaction Russe de ces derniers jours est non seulement parfaitement justifiée mais elle est saine pour l’Europe et l’humanité toute entière : elle prouve que l’OTAN ne peut inpunément violer les règles de droit international sans que personne ne s’y oppose. Si l’implication de Washington semble évidente pour les Russes, il semble certain que les premiers qui le nient ont lourdement sous estimés la capacité de réaction Russe.

Vers la fin du nouvel ordre mondial
L’opération militaire en cours a un sens bien plus important que le seul affrontement Russo-Georgien. En effet pour la première fois depuis la fin de la guerre froide, la confrontation Russie-Amérique vient de tourner a l’avantage des Russes. Pour la première fois un coup d’arrêt clair et net est imposé a l’aigle, par un ours réveillé et en colère.Pour la première fois surtout la Russie vient de s’opposer militairement et de façon “indirecte” a l’Amérique en dehors de ses frontières. Il ne faut pas se tromper sur le sens réel des évènements et essayer de comprendre la d>émonstration de forces des Russes. Le trio “Medvedev-Poutine-Lavrov” vient simplement de mettre fin au système unilatéral agence par l’OTAN pendant la guerre du golfe de 1991.
Après la décennie de l’effondrement (1990 a 1999), la décennie de l’extension a l’est de l’OTAN et parrallèlement du réveil Russe (1999 a 2008) il est fort plausible que nous entrions dans la décennie du reflus a l’ouest et du regain d’influence Russe sur les anciennes marches de l’empire.
Elstine n’avait rien pu faire face à l’endormissement de l’ours, Poutine l’a réveillé, celui ci est désormais éveillé et attentif. Alors que se tendent les relations Russo-Américaines via l’Europe de l’est et le Caucase, se dessinent sensiblement de nouvelles frontières du monde de demain.
Plus qu’un message a l’humanité, la Russie a montrée sa détermination et sa capacité a répondre désormais a toute agression injustifiée.Pour les Européens qui se cherchent toujours une réelle politique militaire, l’heure approche ou il faudra prendre position pour ou contre la Russie et par conséquent devoir imaginer a très court terme de se séparer de l’OTAN pour former la grande alliance continentale pré-esquissée par le général de Gaulle et souhaitée par Vladimir Poutine aujourd’hui : l’alliance continentale Euro-Russe, seule garante de la paix sur notre continent.

Dans le cas contraire, l’Europe se coupant de la Russie et de ses voisins se suiciderait littéralement, condamnée à ne rester que la vassale de l’Amérique, en froid avec son principal fournisseur énergétique.

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